Vous êtes de plus en plus nombreuses à vous poser des questions sur l’accouchement et sur l’opportunité, les bénéfices et les risques de le pratiquer de façon plus naturelle, sans anesthésie. Tidoo est allé à la rencontre de quelques mamans qui ont souhaité et testé un accouchement « sans péri », et vous livre quelques conseils et de précieux secrets d’alcôve. « Lorsque je pense aux accouchements que j’ai vécus, ce sont de loin les moments les plus magiques que j’ai été amenée à vivre dans mon existence, et j’en mesure la chance. », raconte Pauline, maman de trois enfants.
Distinguons deux cas de figure :
- L’accouchement sans péridurale subi pour différentes raisons : arrivée trop rapide du bébé, allergie à des médicaments, absence de l’anesthésiste, péridurale mal posée, etc. Ceci arrive assez rarement en France mais justifie que l’on se prépare à l’accouchement sans la péridurale, même si on la souhaite. Un accouchement sans péridurale non préparé est très souvent insupportable et traumatisant.
- L’accouchement sans péridurale souhaité : c’est ce dont nous allons parler dans ce petit article !
Pourquoi vouloir accoucher sans péridurale ?
- Pour éviter les conséquences néfastes sur l’accouchement : la perte de mobilité ralentit l’accouchement dès que le bébé est un peu gros ou dans une position compliquée. Quand on voit les animations représentant le passage de la tête de l’utérus au vagin, on comprend qu’être allongée sur le dos n’est pas optimal (cela facilite simplement le travail du médecin!). Par conséquent, cela conduit à plus de césariennes, d’instruments, de déchirures et d’épisiotomies.
- Pour éviter les conséquences néfastes sur la maman : instrumentalisation de l’accouchement, effets secondaires de la péridurale (vertiges, vomissements, pertes de contrôle) et conséquences éventuellement plus graves comme la brèche durale, qui provoque des très forts maux de tête.
- Pour pouvoir accompagner la descente du bébé par la mobilité.
La France, en retard sur ce sujet !
La France n’est pas du tout en avance sur le sujet de l’accouchement sans péridurale, contrairement à l’Autriche, par exemple, où il est presque la norme (environ 80 % des accouchements à Salzbourg, petite ville autrichienne). Accoucher sans péridurale dans un hôpital lambda en France, sans préparation, semble donc d’emblée une mauvaise idée. Toute une génération de sages-femmes n’est plus préparée à ce type d’accouchement. Le personnel est souvent insuffisant : le nombre de sages-femmes est limité en salle de travail et la pose d’une péridurale peut être un moyen de faire face à la surcharge de travail au moment de certaines gardes. Sachez qu’il est presque impossible d’accoucher ainsi sans être accompagnée par une sage-femme qui a la même vision que vous.
Les sages-femmes autrichiennes ne proposent la péridurale que dans un objectif médical (travail trop long, maman épuisée, éventualité d’un passage au bloc, etc…). En cas de fortes douleurs, elles proposent plutôt un bain, une douche, une autre position, voir un décontractant léger, etc. Elles vont faire boire et manger la maman régulièrement pour qu’elle garde son énergie.
« Car il faut être lucide, témoigne Juliette, mère de deux petits garçons, il est très difficile de refuser la péridurale en cours de travail, même si tu es très ferme dans ta tête à la base. En France, si on te sangle sur le dos et qu’on t’abandonne dans ta chambre, à jeun, sans boire, il me paraît impossible de faire autrement que de mettre les femmes sous péridurale, même si c’est dommage de leur faire perdre le contrôle. »
Comment gérer les contractions et la douleur ?
Les contractions se gèrent quand on peut bouger et essayer des positions variées, comme par exemple se suspendre grâce à des tissus ou se mettre en apesanteur sur un ballon. La douleur est aussi plus facile à canaliser quand le conjoint est là pour aider à respirer pendant les contractions et quand on a le temps et la possibilité de prendre un bain…
« Je dirais que jusqu’à 9, ça va… », témoigne Juliette. Ensuite la dernière phase commence : celle où l’on peut perdre le contrôle de son corps. La douleur devient insupportable, il devient très difficile de respirer et d’écouter le message qu’envoient les contractions. Il est fréquent, alors, de trembler et de hurler. « Il faut savoir que c’est court, et SURTOUT, c’est le signe que c’est fini, ou presque… », témoigne Stéphanie. « Il ne reste plus qu’à pousser. Typiquement, j’avais beaucoup lu sur cette phase, donc je savais que ça allait arriver, et quelque part, même si mon cerveau était passé en mode animal, il était rassuré par le fait que c’était sans doute la fin. »
Le mental est à solliciter au maximum dans ces moments, pour apprivoiser et gérer la douleur, la rendre suffisamment distante pour la contrôler sans peur et suffisamment partie de soi pour ne pas paniquer à l’approche d’une contraction.
« Être dans sa solitude, dans la maîtrise de soi, dans toute la force de son féminin, sont des sensations très concrètes qui m’ont guidée pendant l’accouchement. Dans ces moments, nous ne sommes pas des petites choses à protéger, nous sommes une force qui va affronter sa nature en acceptant toute sa nature, en étant à son écoute. », raconte Pauline.
La douleur est une information qui te guide
« Ma tante, farouchement opposée à la médecine, a accouché quatre fois sans péridurale et le recommande. Ma belle-mère, médecin, a accouché cinq fois sans péridurale et le recommande. Ces deux personnalités radicalement opposées dont l’avis converge m’ont fait beaucoup réfléchir. » témoigne Stéphanie, mère de trois enfants. Je me suis préparée seule, en lisant beaucoup, notamment « a guide to childbirth » d’Ina May Gaskin. Ce livre répond à plusieurs questions cruciales : Pourquoi se lancer dans un accouchement sans péridurale ? Comment se passe un tel accouchement ? Quand cela peut-il déraper ? Que faire pour rendre la douleur supportable et faire avancer le travail ?
« Le message que j’ai retenu c’est que la douleur est une information qui te guide sur la position à adopter. Si c’est insupportable, c’est qu’il faut changer de position, bouger, chanter pour détendre le bas du corps, danser pour faire bouger les os du bassin, respirer pour reprendre le contrôle sur ton corps, etc… Une contraction est insupportable quand on est allongée sur le dos ! »
Une récompense sans prix
Une fois que le bébé est né, la maman est bien plus en forme que si elle avait subi une anesthésie. Le corps humain est bien fait, et les hormones qui sont libérées redonnent de l’énergie (ces hormones sont annihilées par la péridurale, qui bloque le processus naturel). « Tu es libre d’aller prendre une douche, tu n’as a priori pas de déchirure ou épisiotomie car tu maîtrises beaucoup mieux ta poussée. Pas de sonde, moins de baisse de tension, pas d’anesthésiants à éliminer, ton corps te remercie. », témoigne Stéphanie.
« Pour l’aîné, raconte Pauline, j’ai demandé la péridurale au bout de 4h de travail. J’ai mis un mois et demi à m’en remettre, à me reconnecter à toute une partie de mon corps. »
8 conseils pour préparer un accouchement sans péridurale
- Choisir le bon hôpital : par exemple une maternité labellisée « amie des bébés » – qui améliore l’accompagnement des parents avant, pendant et après la naissance de leur enfant. Ces maternités ont des approches plus naturelles, avec du matériel et une vision plus adaptée à l’accouchement sans péridurale. « Je n’ai pas bougé de la baignoire pendant 2h, me concentrant uniquement sur ma respiration. Je ne suis pas certaine d’avoir ouvert les yeux, sauf pour trouver de la paix en regardant le visage de mon compagnon de vie. Le fait d’être dans la baignoire m’a aidé à être concentrée : j’avais trouvé la bonne position, j’étais à la fois accroupie et adossée à la baignoire. Ainsi entre 2 contractions je posais ma tête sur le rebord et souvent j’ai même pu dormir. », raconte Pauline.
- Se préparer par des exercices physiques et des exercices de souffle. L’accouchement est comme un marathon, il est impératif de s’y préparer.
- Connaître les bonnes positions pour l’accouchement (voir à ce sujet le livre « trouver sa position d’accouchement » de Bernadette de Gasquet)
- Lire des livres sur le sujet (cf biblio ci-dessous)
- Rédiger un projet de naissance et informer l’équipe de votre projet
- Informer et se préparer avec son conjoint. « Dans les moments où je perdais pied à cause de la douleur, c’est lui qui était un roc, qui gérait, qui décidait à ma place », témoigne Juliette. « Mon mari n’était pas convaincu à la base, mais il a accepté de m’accompagner, et maintenant qu’il a vu la différence je sais qu’il me soutiendra à fond la prochaine fois. » témoigne Pauline.
- Essayer de faire le plus de travail possible à la maison, au calme, dans sa bulle : avec un ballon, en prenant des douches chaudes, etc. « J’ai passé une nuit seule avec mon conjoint à me dire que chaque contraction, c’était le bébé qui progressait », témoigne Pauline.
- S’inscrire, s’entraider et s’informer sur la page Facebook « Accoucher sans péri, c’est possible ». Une mine d’informations et de témoignages.
- Ne pas en faire un dogme. « Je souhaitais accoucher sans péridurale, mais pas à tout prix. Je savais par exemple que si cet accouchement durait aussi longtemps que le premier, ça ne serait probablement pas possible. Je savais aussi que si une intervention était nécessaire, je ne souhaitais pas qu’elle soit faite à vif. Bref, je ne l’aurais pas vécu comme un échec si j’avais finalement choisi de la prendre », témoigne Stéphanie.
Quelques chiffres de l’INSERM
En France :
- En 2016, 77% des accouchements par voie basse s’effectuent sous péridurale en 2016.
- Sous l’impulsion de Simone Veil, l’acte est remboursé à 100% par l’assurance maladie depuis 1994.
- 25% des femmes déclare lors de leur grossesse vouloir gérer la douleur différemment. Parmi elles, la moitié opte finalement pour l’anesthésie.
- En 2013, 56% des femmes ayant eu recours à une péridurale alors qu’elles ne le souhaitaient pas se déclarent insatisfaites et pointent le défaut d’accompagnement et le fait qu’on ne leur ait pas laissé le choix.
A lire :
- « J’accouche bientôt, que faire de la douleur ? » de Maïté Trelaün
- « A guide to childbirth » d’Ina May Gaskin
- « Trouver sa position d’accouchement » de Bernadette de Gasquet
2 commentaires
2 jours apres le terme, nous avons rendez-vous a la maternite pour verifier que le bebe va toujours bien. Il va bien mais on commence a me parler de declenchement au plus tard dans 5 jours. Arg, ca ne me botte pas du tout comme idee ! Pour le Beluga, je suis persuadee d avoir pu accoucher vite car j etais dans ma bulle, loin du contexte medical, alors j ai peur qu avec un declenchement l accouchement dure des plombes, avec a la cle une douleur qui ne serait plus gerable sans peridurale. Je signale au gynecologue donc que la date du terme calculee a partir de a date de debut de grossesse m a toujours parue en decalage avec mes dates de dernieres regles et de debut de grossesse. Et en fait c etait effectivement une date de terme erronee, que personne n avait pense a recalculer lors de mon suivi de grossesse. Bref, on gagne 4 jours et c est toujours ca de pris pour que le Pinto sorte peut etre spontanement !
merci pour votre retour d’expérience ! Nous espérons que votre accouchement s’est bien passé )
Les commentaires sont fermés.